Un mois plus tard, les groupes terroristes ont fait irruption dans le village de Silmagou, les femmes ont été sommées de s’habiller en burqa. Le discours était de plus en plus radical. Les lieux de débit de boisson sont saccagés. Farida, l’épouse de Assane commença à s’inquiéter de l’absence de son mari. Le ton des hommes armés devenait inquiètant.
La radicalisation du jeune Assane Compaoré s’amplifie de jour en jour avec son corollaire de nombreuses frustrations liées à son diplôme. Pas de seconde chance pour celui qui a fait des années d’études en sciences de la communication en Iran, il serait rejeté dans tous les postes. Depuis son retour au pays, son diplôme n’est pas reconnu. Chaque nuit, Assane méditait longuement pour faire sortir sa famille d’une situation inconfortable. Lui, qui était père de deux enfants , Assita et Anifatou voullait leur réserver un avenir radieux. Quant à sa femme Farida, elle était commerçante au marché du village de Silmagou. Silmagou avait une mosquée. C’est là qu’il assurait le cours de langue Arabe aux passionnés de la langue.
En cette matinée de ce vendredi 15 novembre, après la prière, le jeune cheikh, comme l’appelait ses voisins, se rendait à la mosquée pour donner des cours aux jeunes filles et femmes qui voulaient apprendre le l’Arabe.C’est là qu’il fit la connaissance de Abdoul Karim Nignan qui était diplômé de marketing d’une université au Qatar. Les deux hommes comptaient sur l’aumône pour subvenir à leurs besoins. Un jour après une séance de cours , Assane et Abdoul Karim ont eu une sérieuse conversation. L’ancien étudiant en marketing lui a fait une proposition. Ils devaient suivre le guide Ousmane Sylla dans ses prêches. Une proposition qu’il accepta pour fuir la monotonie du village. De voyage en voyage, il arrivait dans les méandres de nombreux villages et revenait chaque fois épuisé. Son épouse croyait en son mari. Ses absences prolongées au foyer étaient perçues comme étant pour la bonne cause. Avec ses tournées, il pû s’acheter un cheptel. L’élevage etait devenu une source de revenus pour Assane.
Un jour, à 4 heures du matin, Assane se rendait à la mosquée quand il vit un homme qui le salua. Il continua sa marche sans se soucier. Un grand bruit d’engins à deux roues le fit sursauter. Des hommes armés, Kalach en bandoulière traversaient pour la première fois leur village. Ils marquèrent une halte pour prier à la mosquée. Au cours de la prière, les hommes armés les saluèrent, leur promettant de ne pas troubler leurs quiétudes à condition que leur présence ne soit pas signalée. Parmi eux, une silhouette enturbannée attira l’attention de Assane. Celle-ci lui paraissait familière. Il pensa à Abdoul Karim, son compagnon d’infortune. Assane l’a vite reconnu avec son trait de caractère. Assane avait compris que son ami était avec les hommes armés.
Après leur départ, l’imam, El Hadj Harouna Kaboré se plongea dans un état de trouble. Assis seul devant sa porte, il était abasourdi par ce qu’il venait d’entendre. Il venait d’avoir une conversation avec le meneurs du groupe. Apparemment, il semblait être une vieille connaissance: Mamadou Cissé son compagnon d’études qui s’est radicalisé. D’après leur conversation, ils avaient promis de revenir dans deux jours. Le lendemain, une patrouille de l’armée régulière traversa le village à la recherche des assaillants. Les soldats armés jusqu’aux dents, n’ont croisé aucune résistance. Ils avaient pris la fuite à cause de leur sous équipement. Une semaine après le départ de l’armée, les hommes armés ont fait irruption à nouveau. Mamadou et ses hommes sont allés directement au domicile du vieux Harouna. Ils avaient la conviction que c’etait lui qui les avait dénoncé. El Hadj Harouna était l’homme à abattre. Arrivé à son domicile, les hommes armés ont tiré en l’air. Les deux femmes de l’imam commencèrent à hurler de peur. Le fils aîné, Abdoulaye qui sortit subitement de sa chambre pour voir, reçu un coup violent à la nuque. Celui-ci s’évanouit aussitôt. Pendant ce temps, Assane qui avait suivi la scène de loin avait fait un coup de file à son imam qui se trouvait au marché de bétail. Hébété, il enfourcha sa moto et prit la fuite vers la grande ville la plus proche, Salma. Après une fouille, les assaillants ne trouvèrent pas l’homme qu’ils cherchaient pour abattre. Mais, ils emporteront comme butin du bétail. Après avoir quitté, l’imam retourna au village pour ramener sa famille à l’abri dans la capitale économique. El Hadj Harouna avait perdu toute sa fortune.
Quelques jours plus tard, au petit matin du jeudi 28 novembre, Assane se rendit à la mosquée pour des cours. Après une demie heure de lecture, il eut la visite surprise de son compagnon, Abdoul Karim. Tout souriant, les deux se saluèrent chaleureusement. Assane compris que son ami était venu pour lui parler. Il se mirent à l’écart pour une heure d’échanges pour convaincre son ami à rejoindre leur engagement à lutter contre les infidèles. La lutte est au nom de Allah. Abdoul Karim lui même signifia que leur renumération est exhaustive. Cela l’aidera à subvenir à ses besoins. Mieux, il lui fit comprendre que son diplôme a été rejeté pour le fait que ce n’est pas reconnu par le ministre. Pour mieux le rassurer, Abdoul Karim lui fit sursauter quand il lui annonça que son mentor Mamadou Cissé était leur chef. Leur groupe armé avait enrôlé plus d’une vingtaine de jeunes hommes. Assane lui demanda quelques jours de réflexion. Car, à cause de sa foi en islam, il ne partgeaient pas cette vision que certains fidèles ont de la religion.
Après le départ de son ami, Abdoul Karim, Assane se mit à penser longuement. Entre la pauvreté et l’exclusion dont il fit victime, il faudrait choisir un camp. Finalement, il s’enrola. Sa femme Farida ne se doutait de rien. Entre le marché et la maison, son commerce de céréales lui rapportait. Elle ne portait aucune suspicion sur les activités de son conjoint . Il sortait comme d’habitude pendant des jours sans nouvelles. Un mois plus tard, les groupes terroristes ont fait irruption dans le village de Silmagou, les femmes ont été sommées de s’habiller en burqa. Le discours était de plus en plus radical. Les lieux de débit de boisson sont saccagés. Farida, l’épouse de Assane commença à s’inquiéter de l’absence de son mari. Le ton des hommes armés devenait inquiètant. La veille, vers l’heure de la prière, ils avaient abattu deux personnes qu’ils accusaient de trahison. La jeune femme et ses enfants prenaient le repas quand son époux entra. Tout fatigué, elle lui donna de l’eau pour se désaltérer. Ses deux enfants s’approchèrent de leur père. Assane prit une douche et s’endormi comme un loir. Il se réveilla une heure plus tard. Il empoigna sa moto et disparaît dans la nature en lançant à son épouse le jour de son retour. Deux semaines sont passées. La vie continuait dans le village au rythme des humeurs des hommes armés. Des incursions en plein jour de marché, ou le jour de la prière du vendredi. Le respect de la foi islamique était de mise. Malheur à celui qui fera le contraire. Assane faisait des sorties pour attaquer les forces de défense et de sécurité.
Une jour, l’une de ces patrouilles traversa pour un séjour de ratissage. Ce jour là, Mamadou Cissé et ses hommes ont été déroutés. Ils prirent la fuite. La défaite n’a pas été du goût du meneur d’hommes armés. Cette matinée du mercredi 8 janvier, Farida qui s’était rendormie après la prière du matin, s’éveilla. Elle entendit un bruit sourd en direction du marché. Curieuse, elle se rendit pour s’enquérir des nouvelles de l’incident. En cours de route, elle vit que le village etait en effervescence. Elle voulut savoir, le jeune Aboubacar lui siffla qu’ils avaient reçu un ultimatum de quitter le village. En attendant, Farida fit une course de fébrile vers la maison. Elle rassembla tout ce qu’elle pouvait comme effet. Elle pris ses deux enfants et suivit le peloton de déplacés vers un camp de réfugiés de Salma. Elle marcha longuement pendant deux heures de routes. À dix kilomètres du camp, elle s’est rendu compte que dans la fuite, elle avait oublié ses économies de deux années. Que faire? Farida demanda la moto du jeune Aboubacar qui ne trouva aucun inconvénient. Elle fit une course fébrile avec la moto. Arrivé au village , tout était désert. Elle tremblait. Quelques derniers rescapés cherchaient tant bien que mal à rejoindre les autres. Farida entra dans sa chambre. Elle se rassura que ses économies sont belles et bien au lieu indiqué. Elle prit la somme attachant à se reins. Soudain, elle entendit un bruit insolite. Elle se mit à l’abri. Une personne enturbanée s’arrêta devant leur concession. Elle se blotti contre les pailles dans la cour. L’homme enturbané , sans se soucier d’une présence, se saisi d’une bouilloire pour prier. C’est en se déturbanant que Farida reconnu son mari Assane. Elle compris qu’il avait été enrôlé. Farida s’attendait à tout excepté ça. Assane finit de faire ses ablutions et grimpa sur son engin. Il s’éloigna. Son épouse sortit de sa cachette. Elle démarra avec trombe. En trente minutes, il rejoignit le camp où Aboubacar l’attendait, la peur dans le ventre. Arrivée, elle expliqua son histoire à l’agent de prise en charge psycho-sociale. Elle raconta l’aventure et la position de son mari. Après quelques conseils, Farida se résolut à passer un coup de file à son époux. Il décrocha tout calmement. Elle lui fit savoir son inquiétude face à son insouciance sur l’ultimatum du groupe armés. Assane lui demanda le lieu de leur refuge. Le lendemain matin, Assane Compaoré se rendit au camp. Un comité l’accueilli et il se confia. Il a expliqué que ses motivations à se radicaliser ne sont que sa marginalisation avec son diplôme et la pauvreté. Il demeura dans le camp de réfugiés. Puis, il s’est inséré dans un champ de patates douces.
THE END