Une Seconde Victime || Abdoulaye Hali Aboubacar

« Je ne l’aime pas, je ne l’aime pas, je jure par Dieu que je ne veux pas me marier».


Criait et pleurait Sadi de toutes les forces qu’elle possédait encore. Son corps couvert d’écorchures au bout desquelles jaillissait du sang rouge. Fatou, l’infirmière du village, les yeux remplis de  larmes, le cœur poigné, profondément touchée par la scène, voulait assister cette petite fille d’à  peine treize ans tabassée par son père pour sa témérité et son refus d’accepter d’être mariée sans  son consentement. Sadi allongée sur la petite natte, seul dispositif que possède cette case de santé de ce village perdu dans ce vaste pays, voulait pourtant s’échapper malgré les efforts de Fatou à la secourir et à l’assister.

« Sadi, calme-toi, patience, ça va aller».

Disait Fatou l’infirmière en la touchant. Elle avait les larmes aux yeux, car elle savait que cela n’était ni la première fois ni la dernière fois qu’une jeune est en train d’être forcée à sacrifier son avenir pour être mariée de force. Pourtant, Sadi est une fille très intelligente à l’école.  Elle venait de débuter le collège et rêvait d’être enseignante. Mais son père lui ferme les yeux et décide de la donner en mariage à un exodant du nom de Nassirou qui est le fils de son ami.

Après plusieurs tentatives de négociations auprès de son père, ce dernier refuse et maintient son intention et son projet. Il insistait que s’il est vrai que Sadi est sa fille et qu’elle refusait de suivre sa volonté, il la maudirait d’ici jusqu’à l’au-delà.

En réalité, Mallam Boukar durant toute sa vie n’était qu’un danger pour le genre féminin. Il a toujours maltraité violemment ses femmes. Ses dernières n’avaient aucun droit à s’exprimer. Pour lui, la femme doit se soumettre à son mari. C’est tout. Pas plus, pas moins.

Aujourd’hui, ce sont ses filles qui payent un lourd tribu. Il décide de mettre fin à l’éducation de Sadi. Il veut faire d’elle une seconde victime après sa première fille qu’il donna précocement en mariage et qui était morte sur le lit d’accouchement.

J’ai cessé de pleurer et j’ai eu des médicaments de la part de Fatou mais je restais effrayée et inquiète au point d’espérer pouvoir me réveiller de cet horrible sommeil et confirmer que cela n’est qu’un rêve. Tout cela à cause des visions et des images que j’ai encore de ma sœur aînée bien que je n’étais pas âgée avant son décès, lorsqu’elle était enceinte dans des souffrances pour lesquelles je condamne son mari et notre père. Je me souviens de ce jour où elle était en travail, dans la douleur d’accouchement et notre père a refusé de l’emmener à notre case de santé parce qu’il y avait un infirmier à ce moment-là. Mes yeux se remplirent de larmes parce que ce manque d’humanisme a causé la mort d’une jeune fille avec son tout nouveau bébé innocent qui n’avait même pas inspiré le monde. Malgré tout cela, le cœur de mon père n’est pas descendu sinon il allait avoir la vision sur l’éducation et la scolarisation de la jeune fille pour devenir infirmière ou sage-femme et assister aux besoins de ses sœurs. Il est toujours resté le même avec cette pensée extrême sur le genre féminin.

J’ai passé une nuit seulement dans notre case de santé, j’ai été libérée et je suis rentrée à la maison en compagnie de ma grand-mère qui était à mon chevet.

Deux jours après notre retour à la maison, je me sentais un peu en bonne santé malgré les séquelles de quelques blessures, mais celles de mon cœur et les larmes resteront pour toujours.

Un samedi, j’étais allongée dans la hutte de ma mère, réfléchissant et creusant partout, espérant une solution avant que l’intention de mon père ne se réalise. De là où j’étais allongée, j’entendais des cris et des bruits. Ils ont annoncé l’arrivée de mon mari. Son arrivée signifiait que je serai bientôt mariée, je vais épouser l’homme que je déteste le plus, l’homme qui est un blocus à ma vie et à mon avenir.

« Oh Allah, que la mort m’emporte avant que je ne voie ce jour».

J’ai dit à voix haute sans le savoir. Ma mère qui était là depuis que j’étais dans mon monde de pensée, m’a touchée.

« Je compatis à ta douleur ma fille. Je suis vraiment désolée de n’avoir aucun pouvoir pour te sortir de cette situation effrayante et douloureuse. Toute personne a son destin.  Alors je te dis, patience ma fille ».

Je me suis jetée dans ses bras, toute deux, les larmes aux yeux.

La nuit, j’ai été sollicitée par mon père, j’ai trouvé ma mère accroupie à côté de lui. Elle ne ressemblait pas à sa femme mais plutôt son esclave. Je me demande souvent comment ils ont pu vivre pendant des années dans ce manque de considération et d’amour. Il est devenu un tyran pour sa famille, un peu comme un lion affamé à la recherche de proie mais qui est pour moi une sorte de faiblesse. C’est être faible sinon les femmes ne méritent pas d’être torturées, d’être détestées, d’être utilisées comme des jouets. Sans rien dire, j’ai trouvé une place pour m’asseoir.

« Je vous ai réunis ici pour vous informer de l’arrivée du mari de Sadi, même si vous en avez connaissance ». 

Mon père a commencé et il finit avec

« La Fatiha est prévue pour ce vendredi, et elle sera amenée chez elle dans la nuit. Vous pouvez partir ».

Nous sommes partis sans rien dire, non pas parce que nous n’avions rien à dire, mais parce que nous n’avions pas le droit de dire quoi que ce soit qui irait à l’encontre de la volonté et des dires de mon père. Même ma mère n’a pas l’honneur de dire quoi que ce soit sur sa fille. Elle m’a tout simplement mise au monde et c’est tout. Pour prendre une décision en ce qui me concerne, son seul mot sera seulement “oui” à la décision de mon père.

Cela lui a fait penser à son cataclysme quand elle avait mon âge, une chose qui l’avait rendue malheureuse et, avait fait disparaitre le sourire sur son visage à jamais.

Mon père est ami avec le père de ma mère, et elle a été donnée à mon père à un jeune âge. Un an  après leur mariage, elle a donné naissance à une fille, qui était ma défunte sœur. Ma mère a fait  trois fausses-couches en deux ans avant de m’avoir parce qu’elle tombe enceinte tous les quelques  mois. Voilà où se prouve la faiblesse de mon père dont j’ai parlé. Les genres d’hommes comme lui pense que les femmes sont seulement des machines à bébés, ils vont les utiliser comme ils le souhaitent. 

Sa quatrième grossesse a été un succès, mais a été suivie d’une grave maladie. Mon père l’a emmenée chez ses parents pour la guérir. Même guérir sa femme est devenu un souci, il a besoin d’elle seulement lorsqu’elle est en bonne santé.

À l’hôpital, ils ont été forcés de l’empêcher d’être enceinte. Nous sommes ses deux seules filles dont une morte. Elle ne peut plus avoir d’autre enfant.

Tout s’est bien passé. Les cérémonies furent en effet un succès de la part de ceux qui ont la tête à ce mariage. Je n’arrête pas de penser et d’espérer une alternative, mais malheureusement, l’Imam de notre mosquée vient de sceller notre union avec Nassirou.

«Ayiririiiiii notre Sadi est désormais pour Nassirou». 

J’entendais une femme dire dehors. J’ai enfin compris que tout mon village n’est pas conscient.  Sinon, personne n’a affronté mon père pour l’avertir du danger de ce qu’il veut faire ou même lui rappeler son erreur précédente et ses conséquences. Personne ! Ils sont tous les mêmes avec la même mentalité. Dans quelle société suis-je ?

J’ai été amenée, accompagnée de mes proches, dans ma « maison », comme ils préfèrent l’appeler, qui pour moi ne ressemble qu’à ma tombe.

Je me suis retrouvée seule après que tout le monde soit parti. Je commençais à m’endormir quand j’entendis des rires. Ce sont des voix d’hommes, sûrement mon mari et ses compagnons. Ils rentraient à la maison en riant.

« Amarya Kinsha Kamshi».

Dit l’un d’eux en poursuivant avec un long discours que j’ai trouvé vide et ennuyeux.

« Le mariage c’est la patience. Tu dois suivre les ordres de ton mari, car il est ton paradis. Tu dois tout faire pour le satisfaire et le rendre heureux ».

« Je serai son enfer alors», dis-je dans mon cœur.

Ils ont fini leurs bazars, leurs bavardages et sont partis. J’imagine pourquoi à chaque fois, c’est à la femme de vouloir respecter et servir son mari. La femme, n’est-elle pas humaine ? Ne mérite-t-elle pas d’être heureuse, respectée et servie ?

Même si je méprisais Nassirou, j’ai dû faire beaucoup d’ajustements pour vivre avec lui et sa famille. Chaque fois que je me souviens des bons mots et des bons conseils que ma mère m’a donnés avant que je quitte la maison.

«Tu es la seule que j’ai aujourd’hui, la seule que je peux regarder et sourire, la seule qui puisse guérir les cicatrices plantées dans mon cœur. Ma fille, je te demande d’être calme et respectueuse envers ton mari. Enterre tes animosités et tes haines envers lui et obéis à ses exigences et à ses obligations. S’il te plaît, ne nous laisse pas tomber. S’il te plaît, sois patiente avec lui et avec également sa famille parce que d’après la générosité de sa famille et ce que l’on sait sur lui, il est courtois et humble. Tu vas vivre libre en toute tranquillité et en sécurité ».

On me parle de la courtoisie et la gentillesse de sa famille oubliant que je ne suis pas mariée à toute la famille. Je serai juste sous l’œil et la tutelle d’un membre, alors il est courtois aussi ? Est-ce qu’il doit aussi être généreux ?

Dans notre troisième semaine de mariage, Nassirou annonce son intention de retourner en ville pour continuer ses businesses. Dès qu’il quitte ce village nous n’aurions plus de ses nouvelles pendant des années. Personne dans mon village ne sait où travaille mon mari ni comment il gagne de l’argent. Personne, pas même ses parents. S’il part, il faudra son retour à chaque fois pour déterminer et savoir qu’il est vivant. Personne n’a une fois ramené ses nouvelles d’ailleurs aucune tête de notre village ne l’a une fois rencontré en ville.

J’incarne le respect, l’honnêteté, le courage, la bravoure et la patience de ma mère. Quand elle faisait le travail de mon père, elle le faisait toujours avec tendresse et sympathie, et je me souviens toujours de ses phrases extrêmement éducatives, qui sont aussi ses conseils pour moi quand je faisais celui de Nassirou aussi.

La veille de son départ, j’ai lavé pratiquement tous ses vêtements. Ma surprise et mon étonnement étaient venus quand j’ai commencé à placer ses affaires dans sa valise et que j’ai découvert des objets hors de ma portée et ma conscience. J’ai commencé à trembler et à pleurer.  Malheureusement, il m’a vu et a rapidement reconnu ce qui s’était passé. Ses yeux étaient rouges et il m’a giflé, ce qui m’a fait perdre ma conscience.

J’étais inconsciente pendant quelques secondes, mes yeux se sont remplis de larmes, mais je ne pouvais pas pleurer. Si je pleure et que quelqu’un me demande ce qui ne va pas, il me tuera, à mon avis.

Ma belle-mère m’aime comme sa fille, elle me traite et elle me pose toujours des questions pour contrôler si quelque chose ne va pas.

Je suis une personne de nature très effrayée, j’ai gardé ma bouche fermée et je me suis agenouillé devant mon conjoint.

«Je vais te tuer toi et ta mère si tu dis quelque chose sur ce que tu viens de voir.  Je lui ai promis de ne rien dire ».

Mon mari est parti tôt le matin pour un lieu inconnu. Il nous faut des années encore pour le voir.

Nassirou a vraiment duré cette fois-ci parce qu’il a dépassé le temps normal qu’il fait d’habitude avant de revenir. Pendant son absence, j’ai donné naissance à une petite fille, Khadija, qui a été nommée par son père et il a pris tout en charge. Ses parents ont commencé à craindre l’absence de leur fils surtout avec la naissance de cette petite fille. Ils manquent un moyen d’avoir ses nouvelles parce qu’ils ignorent complètement où il part et ce qu’il fait comme travail.

J’ai commencé à faire du bricolage pour gagner de l’argent, principalement pour pouvoir éduquer ma fille parce que j’ai réalisé que, contrairement à mon père, mon conjoint ne sera pas aussi compliqué et cruel, je dois donc saisir l’opportunité de son absence pour réaliser mon rêve d’enfance avec mon enfant.

Khadija était dans sa troisième année quand j’ai entendu des frappes à notre porte tard dans la nuit.  J’étais surprise et  j’avais peur que quelque chose d’horrible se soit arrivé, d’autant plus que l’état de mon beau-père s’était détérioré ces derniers jours. Il etait terriblement malade.

Je me suis levée pour ouvrir la porte et soudain je vois Nassirou très perturbé avec des vêtements et  un corps taché de sang.

«Soubhannallah ! Qu’est-ce qui t’ai arrivé ? C’est quoi le problème ? »

Il me fit signe de me taire, pour ne pas réveiller les gens de la maison.

Depuis son arrivée je n’ai pas pu fermer les yeux. Il a une tête qui semble n’avoir pas vu de coiffeur depuis des années. Je l’ai aidé à se laver et à se coiffer.

Il m’a raconté une histoire qui semble être vraie. Ils ont été pris en embuscade par des voleurs armés. Ils lui ont volé tout ce qu’il possédait. Cependant, il me met en garde de n’informer personne de son état. Alors, quel est le problème ? Pourquoi voudrait-il que cela soit caché ? Trop de questions dans ma tête auxquelles je n’ai pas de réponses. 

Je me suis levé pour aider Khadija, qui s’était réveillée.

«À qui est cet enfant? Demanda mon mari ».

Sa question a causé une douleur atroce dans mon cœur. L’enfant de qui vais-je prendre jusqu’à dormir chez moi ? Et si Khadija comprenait ce qu’il viennait de dire, quelle serait sa future perception sur elle-même ? Un père qui n’a aucune idée de l’état de sa famille jusqu’à ce qu’il ait un enfant ?

« C’est notre petite fille, elle s’appelle Khadija». Répondis-je.

«Viens, Masha Allah, viens, ma fille». Il l’appela

Notre fille était terrifiée et a refusée de l’approcher. Je devais la ramener à lui et la mettre dans ses mains, il est son père peu importe les circonstances.

J’ai remarqué un véritable amour de la part de Nassirou pour sa fille.

Wander by Tj Benson (c) 2022

«Votre père est malade depuis un an. C’est devenu grave pour le moment parce qu’il ne peut même pas se lever». Je lui ai dit.

Très étonnant, aujourd’hui c’est moi qui conversais ainsi avec Nassirou. Suis-je amoureuse? Est-ce à cause de notre fille ? Pas du tout ! J’ai réalisé à la fin que j’avais un peu grandi, je suis devenue mère donc je suis appelée à être mature. J’ai commencé à accepter les choses de ma vie et de suivre le rythme naturel de la vie. J’ai accepté en présumant que c’est la seule façon dont je pourrai vivre. Toute la ville s’est réveillée avec présence de Nassirou. Les membres de sa famille viennent le voir et le félicitent pour son retour.

Nassirou alla voir son père, mais cette fois, ce ne fut pas comme d’habitude. Car chaque fois qu’il revenait, il offrait des cadeaux à ses parents et à ses proches. Il y avait un suspense sérieux de la part de son père parce qu’il agissait un peu différemment.

Nassirou n’est pas sorti de la maison de toute la journée. Il est resté dans la maison avec moi et notre fille, et ils ont commencés à se connaitre. Je suis convaincue que Nassirou aime cette fille.

Dans la nuit, Nassirou m’a demandé de lui accorder un temps pour parler d’une chose sérieuse avec moi. Je lui ai accordé toute mon attention.

«Je n’ai plus rien maintenant. J’ai tout perdu à cause de ce vol. Heureusement, je n’ai pas perdu ma vie. Je veux que tu m’aides en tant que ton mari pour me prêter de l’argent pour que je puisse y retourner très bientôt pour commencer un autre business. Je sais que tu ne fais rien pour gagner l’argent mais tu peux vendre quelques fournitures, je vais te rembourser à mon retour ».

C’était la première fois que Nassirou me demandait une faveur et il ignorait même que je gagnais de l’argent avec des petits trucs que je faisais. J’ai accepté, j’ai pris un peu de mes économies et je lui ai donné.

Nassirou est retourné deux jours plus tard, mais malheureusement, c’était sa dernière visite. Nous avons appris sa mort quatre mois plus tard, alors que j’étais dans ma deuxième grossesse.

Le secret qu’il cachait depuis si longtemps a maintenant été révélé après sa mort. C’était un terroriste notoire qui torturait et tuait des hommes. J’ai été très surprise d’entendre parler de ce problème. Alors, comment a-t-il été impliqué dans ce crime odieux ?

L’enfance de Nassirou était pleine d’amour d’argent, il est quelqu’un qui aime trop la vie de luxe.  Il peut suivre tous les chemins pour devenir riche. Aujourd’hui j’ai compris à quoi servait l’argent et les armes que j’ai trouvé dans sa valise, pour lesquelles j’ai été giflée, menacée et mise en garde.

Selon les dernières informations de son ami, qui est celui qui a évoqué l’histoire de sa mort, Nassirou a été impliqué dans ce jeu déloyal pendant 10 ans.

«J’ai tout fait pour que Nassirou dénonce et refuse de suivre la mentalité des délinquants, mais il a refusé de m’écouter».

Disait un de ses amis à ma belle-famille.

C’est comme ça que finira ma vie ? Je venais juste de commencer à accepter ma vie et mon destin, à prendre les choses au sérieux mais voici une autre chose, une autre déception et humiliation à vie. 

L’histoire de Nassirou était la suivante:

Quand il est parti pour son premier exode, il était juste assis à ne rien faire à cause de sa paresse et sa fainéantise. Il a commencé à fréquenter des gens qui n’avaient aucun respect pour leur vie, encore moins pour la vie des autres. Il a commencé à prendre des stupéfiants pour venir dormir par la suite toute la journée chez lui.

Son premier crime a été commis après l’arrivée d’une des personnes avec qu’il sortait. Il a utilisé tous les moyens matériels et oraux pour convaincre Nassirou de venir cambrioler la maison d’un homme riche du quartier. Il y parvint en insérant la haine de tout un homme riche dans le cœur de Nassirou. Selon lui, ils ont de l’argent, mais ils refusent de nous en donner, ils vivent une vie meilleure, mangent quatre fois ou plus, alors que nous on passe toute la journée sans manger.

Le premier crime réussi, le but atteint, et l’argent à la disposition de Nassirou, il devient de plus en plus un vrai délinquant antisocial.

Trois ans après son recrutement, non seulement il tiennait une arme, mais il sait s’en servait et tuait des gens. Il a finalement rejoint une secte de terroristes avec laquelle ils opéraient pour gagner de l’argent.  Leurs opérations comprenaient souvent des vols, kidnappings, braquages et tout autre sale boulot. La dernière fois qu’il est rentré chez lui tard dans la nuit avec un corps couvert de sang, c’était après une attaque repoussée par l’armée au cours de laquelle ils ont été dispersés et se sont enfuis. Cela ne leur a pas servi de leçon ; ils étaient de nouveau réunis pour continuer leur travail, qui, cette fois fut un échec fatal. Beaucoup ont été tués et d’autres capturés dont mon mari parmi les assaillants tués.

Si ma mémoire est bonne, mon conjoint n’est pas la première personne à être accusée de terrorisme.  Plusieurs jeunes de nos villages environnants ont été anéantis et capturés à plusieurs reprises. A cause de leur manque d’éducation et du manque de travail basé sur leur oisiveté, les jeunes sont devenus un grand problème social.

Vous verrez des jeunes gens au bon cœur, mais une fois qu’ils auront quitté le village, ils se transformeront en délinquants de haute classe.

Mon mari est décédé. Il m’a laissé avec une grossesse et une petite fille. Que vais-je dire à ses enfants ? Pouvais-je leur dire que leur père était un assassin, un terroriste ?

Quel triste destin, quelle triste réalité ?

Serait-ce ainsi mon destin et celui de mes enfants ? Qu’attendons-nous pour réagir et empêcher les crimes, et les violences ?

5 thoughts on “Une Seconde Victime || Abdoulaye Hali Aboubacar”

  1. Merci beaucoup d’avoir relaté les conséquences du mariage forcé, et même si d’autres diront le contraire ça existe toujours, espérons juste que cette fois ci les parents vont enfin prendre conscience de cela et faire le bon choix pour le futur, vraiment c’est une triste histoire mais qui nous apprend beaucoup, merci Abdoulaye

  2. Une triste realitée qu’on vie quotidienement, mais la question oour moi est de savoir qu’est ce qui puisse etre fait pour mettre fin a ces genre de violences?

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